samedi 29 novembre 2014

Le fast food à la serbe

Les Serbes sont gourmets et ils aiment la viande. Même lorsqu'ils mangent en vitesse, entre deux obligations ou pour appaiser un petit creux. Bien qu'on puisse trouver toutes sortes de fast foods à Belgrade (Mac Donald's et KFC américains, giros grec, pizza italienne, taco méxicain, sandwich bars etc...), le roi du fast food reste le grill traditionnel à la serbe. La fumée, l'odeur de viande grillée, son crépitement sur la grille du barbecue, c'est çà la Serbie, et çà vous ouvre l'appétit!

Vous verrez que les portions servies sont plus que généreuses. En ce qui me concerne, j'ai toujours faim après avoir mangé un cheeseburger au Mac Donald's, mais après un "hamburger" à la serbe, çà ne risque pas de m'arriver.

Les grills sont ouverts 24 heures sur 24, parce que la viande, çà peut se manger à toute heure de la journée... et de la nuit. C'est presqu'une tradition d'aller faire la queue devant un quiosque d'où sort la fumée du grill, en pleine nuit ou à l'aube, après avoir fait la fête dans un club ou une discothèque. On mange debout, çà dégouline un peu, et c'est ce qui en fait le charme.

Le grill "Gold grill" tout près de la place Slavija
Le grill "Gold grill" ouvert 24 heures sur 24
Les bouchers sont également de la partie depuis quelques temps car, à cause de la pauvre situtation économique, ils tentent d'attirer les clients de toutes les façons possibles. Un grand nombre d'entre eux grillent la viande que leurs clients achètent dans leur boucherie. Vous achetez chez eux un petit pain et ils vous font de tout çà un sandwich appétissant... et en accord avec votre appétit, puisque c'est vous qui définissez le grammage de la viande.

Il éxiste plusieurs sortes de pains dans lesquels les restaurateurs vous feront votre "sandwich" à la serbe. D'abord, la "lepinja" (lepinia) qui est un petit pain rond, la "zemička" qui ressemble le plus au petit pain du Mac Donald's, puis le "somun" (somoun) qui est un pain à la croûte farineuse. Le "somun" peut être rond oubien allongé et arrondi sur les bords. Dans ce cas, on le coupe en deux, puis on fait une fente dans l'une des moitiés, dans laquelle on insère la viande. Certains grills offrent également des tortillas serbes.

La "lepinja", le petit pain rond
La "zemička" bien dorée

Le "Somun" à la croûte farineuse dans la vitrine d'un grill dans le quartier de Dorćol

Somun et tortilla chez "Gold grill"
Passons à présent  la viande. La reine du fast food, c'est la "pljeskavica" (plieskavitsa), sorte de hamburger à la viande hâchée (viande de veau ou mélange de viandes de veau et de porc). 100% pure viande, pas de soja. Selon les régions, la pljeskavica se prépare bien entendu de façon différente. L'oignon est un must, sinon, ce n'est pas une vraie "pljeskavica" :)

La "pljeskavica" peut être ordinaire, farcie (punjena pljeskavica) ou gourmande (gurmanska pljeskavica). Elle peut paiser de 250 g (ordinaire) jusqu'à presque 400 g (gourmande). Certains restaurateurs offrent également la pljeskavica "l'oreille d'éléphant", ce qui vous donne une idée de sa taille.

Les différentes sortes de "pljeskavica" dans le jus de viande ("Gold grill")
Panneau "l'oreille d'éléphant"
La viande blanche de poulet, juteuse et tendre, les saucisses serbes pimentées, pilons de poulet sans os assaisonnés et succulents, steak de porc nature ou fumé, le choix est large et vous aller vous régaler... et vous rassasier.

Les condiments et les salades que vous pouvez ajouter sont gratuits et il y en a pour tous les gôuts: ketchup, mayonnaise, moutarde, pour ceux qui aiment leur viande "hot", le chili, piment ou encore une sorte de crème à base de fromage, piment et aïl, appelé "urnebes" (qu'on pourrait traduire par "hilarité". Son nom vous dit tout).

"Urnebes" piquant
Vous pouvez également ajouter à votre sandwich de la crème fraîche salée, du fromage frais, de la sauce tartare, des tomates, du chou râpé, des oignons, des concombres, de la salade verte... et j'ai sûrement oublié quelque chose.

Les condiments (Gold grill)
Les prix sont plus que raisonnables et ils vous feront oublier votre régime. La pljeskavica de 250 gr. et la saucisse de 200 gr. coûtent environ 1,80 euro, tandis que les pljeskacicas farcies ou gourmandes de 380 gr. coûtent environ 2,25 euros. Le steak de porc de 250 gr., environ 3,10 euros et les pilons de poulet ou viande blanche de poulet de 200 gr. quelques 2,25 euros. Plus tous les condiments gratuits que vous pouvez ajouter à la viande, çà vous fait un sacré sandwich!

Saucisses juteuses dans un "somun"
Alors, arpentez les rues à la découverte des lieux historiques de Belgrade, et si vous avez faim, la viande fumée vous redonnera des forces, n'hésitez pas à faire du shopping toute la journée et pour vous revigorer, récompensez-vous par un bon hamburger 100% serbe, faîtes la fête toute la nuit et régalez-vous au petit matin, au milieu d'autres joyeux fêtards affamés. Vous pourrez dire alors: la Serbie, j'y ai goûté, et c'est bon!

Alors, qui c'est le King du burger?


lundi 24 novembre 2014

Article invité - Belgrade, vu par Sylvie, une touriste française

J'ai le plaisir aujourd'hui, par le biais de mon blog, d'être l'hôte de Sylvie qui a visité Belgrade au mois d'aôut et en garde de très bons souvenirs. Je vous laisse découvrir ses impressions dans l'article qu'elle a eu la gentillesse de rédiger.
(Petit message à Sylvie: Je prépare justement un article sur les grils et la "pljeskavica", alors, rendez-vous dans quelques jours.)

***
Par Sylvie Dubois



En lisant les articles sur le blog Visitez Belgrade, j’ai fait une véritable crise de nostalgie. J’ai visité cette jolie ville en août et je comprends facilement à quel point elle peut être séduisante pour une Française.

J’ai décidé de proposer mon article à Jacqueline pour décrire Belgrade d’un point de vue différent, celui d'une touriste, pour que les lecteurs français se fassent une idée de ce qui les attend si (ou quand) ils décident / décideront de visiter cette ville.

Je me rappelle de mon arrivée, de la gare de Belgrade à sept heures du matin. Je ne savais pas que ces vacances deviendraient un souvenir si fort.

Le matin, mon arrivée, la gare de Belgrade
La gare de Belgrade
Chaque fois que j’en parle à mes amis ici, en France, ils me demandent ce qu'il y a en Serbie pour attirer l’attention d’un touriste Français. Je crois que l’on peut trouver la réponse à ces questions en lisant ce blog – la forteresse de Kalemegdan, la nourriture, les quartiers historiques, la nourriture encore une fois et plein d’autres choses... Ce que j’ai surtout aimé, c’est le mélange de l’ambiance chaleureuse et de l’esprit cosmopolite de Belgrade.

Comme Jacqueline, j’ai adoré les promenades sur Kalemegdan qui donne sur le joli panorama de Belgrade et sur le confluent du Danube et de la Save. Le monument impressionnant, portant le nom « Le Vainqueur » est, selon moi, une « touche finale » à cette belle vue.

Esplanade du Vainqueur et vue sur le confluent de la Save et de Danube au crépuscule

Vue sur les ponts de la Save, la nuit, depuis la forteresse Kalemegdan

Le Vainqueur
Quant à la nourriture, sur ce blog j’ai lu un article sur les boulangeries, et un autre sur les pâtisseries, mais aucun sur les grillades, le « roštilj» (prononcer « ro-che-til»). Lorsque nous entendons parler du « fast food » nous pensons très souvent à une nourriture sans couleur locale, sans âme – en Serbie, même le fast food a son propre identité, et les grillades en sont la preuve.

Un touriste français goûtera le fast food serbe très souvent en revenant à l’hôtel après une soirée, ce qui nous amène vers le sujet suivant : la vie nocturne. J’ai lu sur le web que la vie nocturne de Belgrade devient de plus en plus populaire pour les touristes européens, et ce n’est que pendant mon séjour que j’ai compris pourquoi. D’abord, c’est cette ambiance amicale dont j’ai déjà parlé, qui est, semble-t-il encore plus visible lors d’une soirée dans une boîte. Par ailleurs, c’est la variété des cafés et des clubs – que vous alliez dans une de ces « kafana » typiquement serbes, ou dans ces clubs modernes et cosmopolites, soyez rassurés que votre soirée sera inoubliable. J’avais de la chance d’être à Belgrade pendant Beer Fest, le festival de la bière et de la musique. J’ai adoré ce festival, mais je ne veux pas en parler davantage, puisque ce reportage exigerait un article entier – donc je m’arrête en disant que je voudrais y aller de nouveau l’année prochaine, je crois que cela explique tout. En plus, l’entrée est gratuite et la bière plus que bon marché.

Je dois souligner que les prix en Serbie sont en général moins élevés que chez nous. En tant que touriste française, beaucoup de choses en Serbie me semblaient vraiment « à prix cadeau ». Donc, si vous optez pour la vie nocturne belgradoise, vous profiterez d’une ambiance très positive, sans beaucoup de soucis pour votre portefeuille.

Personnellement, la raison principale pour laquelle je suis venue en Serbie était ma situation financière, très mauvaise. Je devais me faire soigner les dents et j’ai choisi Belgrade pour  aller chez le dentiste, dans une clinique de tourisme dentaireC’est pourquoi je ne m’attendais pas à grand-chose en arrivant à Belgrade – on voit rarement (voire jamais) une personne qui a hâte d’aller chez le dentiste. La magie de Belgrade avait soulagé ma peur des rendez-vous chez le dentiste – sinon, mon séjour serait plutôt un cauchemar qu’un souvenir plaisant.

Mais la nourriture, la vie nocturne, ce n’est pas tout ce que Belgrade peut offrir. Dans cette ville, vous trouverez des musées et beaucoup d’exhibitions artistiques. Je découvre sur « Visitez Belgrade »  que pas mal de manifestations ont lieu à Belgrade tout au long de l’année, mais malheureusement, en tant que touriste, on ne peut pas les visiter toutes. Moi, j’ai visité le musée ethnographique de Belgrade mentionné par Jacqueline dans cet article. Même si personnellement je n'ai jamais été passionnée par les musées, et ce n’est que par hasard que j'ai visité celui-ci, j’ai vraiment adoré ma visite. J’ai même décidé de visiter les musées ici en France. Voilà comment les voyages nous transforment!

En quittant Belgrade, je me suis dit que je reviendrai sans doute. Les articles de ce blog m’ont rendue plus nostalgique que jamais, et il a encore ravivé ce désir. Je comprends qu’un expatrié connaît le pays où il vit plus profondément qu’un simple touriste, mais même en tant que touriste, je voudrais approfondir mes connaissances. 

Panorama de Belgrade

mercredi 19 novembre 2014

Les pâtisseries à Belgrade

Si en vous promenant à Belgrade, vous avez une soudaine envie de vous faire plaisir et de manger quelque chose de sucré, vous aurez un choix très large, car la capitale compte un grand nombre de pâtisseries, de cafés qui servent également des gâteaux, de salons de thé luxueux ou encore de boulangeries pâtisseries qui offrent toutes sortes de gâteaux, desserts et glaces faits maison. Les tartelletes aux fruits, cheese cakes, tiramisus, mille-feuilles, éclairs et autres friandises vous donneront l'eau à la bouche.

Cependant, si vous voulez essayer des sucreries authentiques et plonger le temps de quelques bouchées savoureuses dans le passé de la ville, c'est dans les petites pâtisseries traditionnelles que je vous recommande de faire un petit tour. Malheureusement, il y en a de moins en moins à Belgrade, mais celles qui entretiennent encore leur tradition offrent à leurs clients les belles friandises d'antan: celles héritées de l'Empire ottoman, à la douceur orientale, qui vous donneront du punch tellement elles sont sucrées et celles de l'Empire austro-hongrois, aux crèmes mousseuses et légères.

Ces petites pâtisseries traditionnelles sont très modestes de par leur aspect. Ne vous attendez pas à un décor à couper le souffle. Cependant, elles possèdent un charme ancien et témoignent du temps où c'était la tradition que papa et maman emmènent leurs enfants déguster un gateau et boire un verre de limonade après s'être promené dans le centre ville ou après la visite traditionnelle du zoo au pied de la forteresse Kalemegdan. La crise des 25 dernières années en Serbie a malheureusement décimé les petits artisans et les pâtisseries familiales de la capitale ont subi le même triste sort. Aujourd'hui on peut tout trouver en supermarché, même les gâteaux. Cependant, aucune production industrielle ne peut se mesurer avec le savoir faire des maîtres pâtissiers qui ont hérité leurs recettes de leurs pères, grands-pères, arrières grands-pères...

C'est le cas de la pâtisserie la plus ancienne de Belgrade, "Pelivan", dont la cinquième génération de pâtissiers entretient la tradition familiale. Cette petite pâtisserie de renommée est située au début du boulevard Aleksandre, sur le trottoir en face de la Poste principale. En 1851, le lutteur Mustafa Pelivan décida d'investir l'argent gagné lors d'un championnat et il ouvrit une pâtisserie à peu près à l'endroit où se trouve aujourd'hui la Place de la République. Il servait à ses clients des gâteaux orientaux traditionnels, accompagnés de limonade ou d'une boisson appelée "boza" (je vous en reparle un peu plus bas). En 1944, lors du bombardement de Belgrade par l'aviation alliée, la pâtisserie fut complètement détruite, mais bien vite, les descendants de Mustafa Pelivan s'installèrent dans le boulevard où ils font encore aujourd'hui le bonheur de ceux qui aiment les gâteaux.

La pâtisserie Pelivan, tradition familiale de cinq générations
Dans ces petites pâtisseries, vous pouvez bien sûr acheter des gâteaux à emporter, mais vous pouvez également les déguster sur place, seul, entre amis, en famille, comme au bon vieux temps.

Un client à une table déguste un dessert
C'est surtout les pâtisseries orientales que vous devez goûter. Tout d'abord, la reine "Baklava". Déjà à la cour du palais Topkapi à Istanbul, elle était très appréciée. Préparée le plus souvent avec des noix, mais peut l'être aussi avec des pistaches ou des amandes, on lui associait également des effets aphrodisiaques. En tous les cas, au milieu de son harem, le sultan avait certainement besoin d'une forte injection de sucre pour préserver sa vitalité physique. La baklava se constitue de fine feuilles de pâte superposées et remplies du mélange à base de fruits secs au choix. Une fois la dernière feuille de pâte déposée, la baklava est découpée en triangles ou en losanges et mise au four. Durant la cuisson, on prépare un sorbet d'eau et de sucre qu'on laisse refroidir. Lorsque les feuilles prennent une belle couleur dorée, on sort la baklava du four et l'on verse sur elle le sorbet de sucre. La baklava se sert froide. J'en ai l'eau à la bouche.

Baklava traditionnelle aux noix
Les "tulumbe", également imprégnées d'un sorbet de sucre ne sont pas si sophistiquées. C'est juste une pâte que l'on passe à un tuyau formant des rayures. Les morceaux de pâte sont ensuite plongés dans l'huile bouillante. Lorsqu'ils prennent une couleur dorée, on les trempe dans le sorbet de sucre froid afin qu'ils absorbent bien. Vous devrez boire un grand verre d'eau après tant de sucre :)

Tulumbe, au sorbet de sucre
Le "kadaïf" et la "halva" se trouvent très rarement aujourd'hui, même dans les pâtisseries traditionnelles. Cependant, la pâtisserie Zija Šabani dans la rue Balkanska dans le quartier de Savamala les prépare encore comme autrefois.

La pâtisserie traditionnelle Zija Šabani
Le "kadaïf" se prépare avec des fruits secs et des vermicelles et s'imbibe également de sirop de sucre.

Les pâtisseries traditionnelles dans la vitrine Zija Šabani avec, en bas à droite, le kadaïf
La "halva" peut s'acheter en supermarché, dans des emballages industriels de différents grammages. Il existe plusieurs sortes et plusieurs goûts. Cependant, la véritable "halva" artisanale se trouve chez Zija Šabani. Le mot "halva" signifie "sucrerie" en arabe. Ce dessert est fait à base de sésame, blé ou de tournesol, selon la région. Elle est de consistence farineuse, s'émiette facilement et fond dans la bouche.

"Halva" dans la vitrine de la pâtisserie Zija Šabani
Passons aux friandises crémeuses. Tout d'abord, "Krempita". C'est une sorte de mille-feuilles avec seulement deux feuilles, à la crème de vanille. Chaque pâtissier a sa recette et parfois il peut y avoir entre les deux feuilles également de la crème chantilly.

Douce "Krempita"
La "Princes krofna" (baignet Princesse) est également un vrai délice. C'est une sorte de profiterolle ou encore une sorte de religieuse fourrée de crème à la vanille onctueuse.

Onctueuse "Pinces krofna"
La "Šampita" est un gâteau entièrement fait de blancs d'oeufs que l'on pourrait comparer à une meringue, quoiqu'il ne soit pas aussi sec. La mousse se tient toute droite, fièrement.

La "Šampita" fondante
Une petite pâtisserie traditionnelle se trouve également dans mon quartier, Dorćol. J'y ai dégusté il y a quelques jours une excellente purée de marrons à la crème chantilly.

Pâtisserie traditionnelle dans mon quartier

Purée de marrons à la crème chantilly
Cependant, mon dessert préféré, c'est le blé bouilli et moulu aux noix, avec de la crème chantilly.

Blé à la crème chantilly
Dans les pâtisseries traditionnelles, pas de coca. On vous sert de l'eau, de la limonade bien sucrée et fraîche ou encore, de la "boza", boisson à base de maïs et de levure. Cette boisson est très nutritive et les médecins la conseille particulièrement aux femmes enceintes.

La limonade et la "boza"
Vieux panneau dans la vitrine de la pâtisserie Zija Šabani: Boza et limonade froide
Un verre de "boza"
Alors, ne manquez pas de visiter l'une des pâtisseries de Belgrade et de gôuter les recettes traditionnelles, pour un dépaysement garanti.

lundi 10 novembre 2014

Au musée de Science et Technologie - Belgrade avant l'électrification

Le musée de Science et Technologie de Belgrade offre au public une rétrospective de la vie quotidienne en Serbie avant l'électrification.

La première centrale thermique commença officiellement à produire de l'éléctricité le 6 octobre 1893 et éclaira tout d'abord le centre de la capitale Belgrade. Elle était située dans le quartier de Dorćol, à l'endroit même où se trouve le musée aujourd'hui. 

Le premier lampadaire électrique s'était cependant allumé à Belgrade quelques années plus tôt, en 1880, et ceci devant la kafana "Kod Skupštine" (Au Parlement). Lorsque l'ampoule éclaira la rue, les clients de la kafana s'écrièrent: "Vive l'électricité, mort à la lanterne!". Cependant, les clients de la kafana portèrent longtemps après des lunettes aux verres teintés car ils pensaient que la lumière des ampoules pouvaient les rendre aveugles.

Il semble que l'arrivée de l'électricité dans la capitale n'était pas vraiment au goût de tous les Belgradois. En effet, un grand nombre reprochait à cette nouvelle technique les poteaux électriques qui, selon eux, défiguraient la ville. Ce n'est que dans les années 30 du XXème siècle que Belgrade fut totalement électrifié, les lampes à pétrole ayant longtemps résisté dans certains quartiers. En 1939, à peine 30% des ménages sur le territoire de la Serbie étaient éléctrifiés.

Alors, à quoi ressemblait un ménage de la fin du XIXème et du début du XXème siècle à Belgrade?

La cuisine, pièce centrale
Indispensable dans la cuisine, un fourneau. On y alimentait le feu avec du bois ou du charbon (à la campagne, on pouvait également utiliser des épis de maïs effrités). Les cocottes minutes sont en place pour préparer le déjeuner. Au centre de la plaque, un ustensile ménager qui était de rigueur dans toutes les cuisines: "pržulja", récipient où l'on mettait des grains de café verts que l'on faisait griller au dessus du feu sous la plaque, jusqu'à l'obtention du niveau de torréfication désiré. Sur le mur, le moulin à café. 

Aux fourneaux!
Dans l'armoire de cuisine, on pouvait trouver des sets de boîtes en porcelaine pour le sucre, le café, la farine, la semoule etc... Les moulins à café, la cafetière manuelle "džezva", la théière, le rouleau pour étendre la pâte pour les vermicelles faits-maison. Tout est là.



Sur la table, entre autres, une balance de cuisine, un fouet, un hachoir à noix manuel pour les gâteaux.



Dans la salle de bain, on lavait également le linge dans la baignoire. Dans la photo ci-dessous, la planche à laver est prête, ainsi que le rouleau pour essorer le linge.



Dans les fers à repasser, on mettait des tisons ardents.



Toute maîtresse de maison aux doigts de fées se devait d'avoir une machine à coudre pour copier la dernière mode.

Machine à coudre, premier modèle avec moteur
Certaines avaient la chance de posséder l'ancêtre du frigidaire. L'intérieur était en étain et des morceaux de glace livrés à domicile étaient déposés dans un fente, sur le côté. Un tuyau à l'arrière permettait à l'eau de la glace fondue de s'écouler.

L'ancêtre du frigidaire
Certains ménages pouvaient embellir leur quotidien avec un bon disque gratté par l'aiguille d'un gramophone.


La musique était également accessible pour tous, dans la rue, grâce aux automates.



En ce temps-là, les maîtresses de maison n'avaient ni réfrigérateurs, ni micro-ondes, ni fers à repasser super glissants et pourtant, elles arrivaient à bout de tous les travaux ménagers. Pour ma part, avant de m'installer dans mon fauteuil pour regarder un bon fim à la télé, je vais me préparer du pop-corn croustillant dans mon micro-ondes! Même si le bon vieux temps possède un charme incontestable, moi je dis: "Vive l'électricité!"

jeudi 6 novembre 2014

Le jardin botanique de Belgrade - Jevremovac

Depuis le 4 Octobre, les Belgradois et les touristes peuvent à nouveau se promener dans le jardin botanique de Belgrade qui s'étend sur une superficie de presque 5 hectares. Après des travaux de rénovation grâce à des fonds versés par l'Union Européenne, le jardin, et surtout la serre, ont retrouvé leur splendeur. 

Deux lions ailés sous le soleil

Une belle fontaine

Une des allées du jardin botanique
L'institution du jardin botanique à Belgrade éxiste depuis 1855. Il était d'abord situé dans la cour du palais de la Princesse Ljubica. En 1874, sur la demande du célèbre naturaliste Josip Pančić, le jardin botanique fut déplacé sur un terrain plus spacieux, dans la rue du Danube (Dunavska). Cependant, les inondations causées par le fleuve en 1888 détruisirent en grande partie le jardin. 

C'est ainsi qu'en 1889, le roi Milan lui-même fit don à la ville du terrain où se trouve le jardin aujourd'hui encore. Il avait deux conditions: que le terrain soit utilisé en tant que jardin botanique et que celui-ci soit appelé Jevremovac (du nom de son grand-père, Jevrem). 

Lé buste du naturaliste Josip Pančić, à l'entrée du jardin botanique
La serre du jardin botanique fut construite en 1892 et le éléments de la construction furent importés de Dresde. À l'époque, c'était l'une des serres les plus magnifiques dans les Balkans. 

La serre du jardin botanique
La serre du jardin botanique
La serre du jardin botanique
Le jardin botanique compte plus de 1500 sortes de plantes, arbres et buissons européens et éxotiques.

Cactus

Bananier

Plantes carnivores
 


Bien avant l'arrivée des réfrigérateurs, il n'y avait qu'un moyen pour les restaurateurs de préserver leurs marchandises. Des sortes de caves appelées "ledenice" (du mot "led" signifiant "glace") étaient aménagées de telle sorte que l'on y déposait des gros blocs de glace qui maintenaient la température de façon à ce que les aliments, boissons et autres matières premières gardent leur fraîcheur. 

En ces temps-là, il n'était pas surprenant que la Save et le Danube gèlent complètement. Les hivers étaient beaucoup plus rudes que de nos jours. Ainsi, on pouvait couper des blocs de la glace sur les fleuves à la scie. Ces blocs étaient alors déposés dans les pièces à réfrigérer et étaient recouverts de paille. Cependant, le restaurateur devait bien calculer ses besoins pour la journée, car le "frigo" ne pouvait être ouvert qu'un seule fois par jour, afin que l'air chaud du dehors ne se mêle pas à l'air froid à l'intérieur. Ainsi, sous le jardin botanique, se trouve aujourd'hui encore une vaste pièce qui servait de réfrigérateur géant pour la cour du Roi Milan. 

L'extraction des blocs de glace pour les réfrigérateurs
L'une des attractions de ce jardin est sans aucun doute le petit jardin japonais comme sorti d'un conte de fées.

Le jardin japonais
Le jardin japonais
Le jardin botanique est aujourd'hui une oasis de paix, de calme et sérénité située entre deux rues où la circulation est très dense (la rue Takovska et la rue du Despote Stefan). La visite est au prix de 200 dinars (environ 1,6 euro). Une promenade à faire absolument.